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Reviews: A Place To Hide For Everyone - Anthology 1992 - 1996 - Magic (fr) - 2003

On a parfois été tenté, à tort ou à raison, d'accoler l'étiquette de "perdant magnifique" à Johan Asherton, découvert en 1988 sur le séminal God's Clown, que Nick Drake aurait écrit après Pink Moon s'il n'était pas passé de vie à trépas vingt-quatre ans plus tôt. Ce qui situe à la fois l'excellence de ce songwriter ténébreux et l'incroyable déficit de reconnaissance que constitue une discographie rarement prise en défaut huit albums durant - auxquels il faut ajouter la compilation El Viaje sentimental (1991), le live The Collection (1999) et Diary of A Perfumed Clown (2002), constitué des maquettes et de versions alternatives de son premier lp. Autrement dit, la lumière noire dégagée par ses disques l'aura été à l'ombre médiatique et publique. La preuve par trois. Ce seul chiffre suffit à résumer le parcours chaotique de l'ancien leader des Froggies, obligé entre 1992 et 1996 de changer de label à chaque nouvel opus, comme l'attestent retrospectivement les trois albums aujourd'hui réédités et agrémentés de bonus. Revenu l'an passé de nulle part à la faveur du splendide Trystero's Empire et de deux prestations vocales remarquées sur le Laid Back Galerie de Ginger Ale, Asherton également poète et biographe de Marc Bolan à ses heures, voit enfin une partie de ses oeuvres remises au goût du jour. D'ailleurs les références littéraires irriguent et ponctuent son répertoire à intervalles réguliers. Ainsi l'album Phantastes est-il une adaptation musicale du livre éponyme du poète écossais George McDonald. Et le titre The Garden Party, extrait de The Night Forlorn, provient-il d'une nouvelle de la romancière anglaise Katherine Mansfield. Ce disque commence par l'intouchable Evangeline, une chanson (parue en single, un mot qui sonne paradoxalement à propos d'Asherton) qui synthétise parfaitement le style de son auteur: voix confidente, charme acoustique, écrin soyeux, et tout le toutim. L'autre versant, plus électrique et enjoué (sic), se trouve dans la plage suivante, The Smiles of Yesterday, portée par son harmonica et sa mélodie cousue d'or. Autant dire que ce troisième lp n'a pas pris une ride depuis dix ans. Et si l'on est moins féru de la sécheresse janséniste du suivant (The Moon, Soon, malgré son très joli titre programmatique), Under The Weather n'a lui non plus rien perdu de son éclat originel, que ce soit dans l'évidence mélodique (Offender, vrai tube underground), les envolées symphoniques (An Old Tale) ou les réminiscences country (After All). Vous savez donc à quel cours de rattrapage vous inscrire au cas où vous auriez séché les enseignements initiaux.

Franck Vergeade
Magic # 71 - May 2003

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