Reviews: Amber Songs - Intramuros (fr) - 2005 Un nouvel album de Johan Asherton, c'est quelque chose qui se déguste avec régularité, tous les deux/trois ans environ, comme quelque chose qui arrive après une attente qui dura juste ce qu'il fallait. Ni trop, ni trop peu. Un timing parfait, pour un songwriting qui ne l'est pas moins. La magie ne supporte pas le mécanique, la régularité, le prévisible ? Pas chez Johan Asherton ! Il faut s'y faire, son nouvel album "Amber Songs", comme son prédécesseur et celui qui le devançait, est beau, magnifique et bouleversant. Désarmant de fragilité, il vous désarçonne de par la force de ses convictions, de par la certitude de ses partis pris folkloriques. Ce qui surprend, en revanche, c'est cette impression d'un disque qui puise dans le traditionnel sans qu'on puisse vraiment définir à quelle tradition il appartient. A aucune en particulier. A toutes celles qui traînent dans la tête d'un Asherton jamais revenu du pays d'où l'on rêve d'une Amérique qui n'existe pas ou d'une Irlande qui n'existe plus. Un disque d'ailleurs et de partout, qui ne s'enracine nulle part réellement, sauf dans les tripes de son créateur et dans l'âme de ses auditeurs. Un disque qui est, pour le coup, partout chez lui. Asherton est coutumier de ces détournements d'héritage à son propre avantage: c'était déjà le propos de son "Bluesology" de 1998. Jamais dans la redite ou l'hommage scolaire, Johan se nourrit d'univers country ou irlandais pour en détourner des vocabulaires que l'on croyait verrouillés et rouillés. Pour nous montrer qu'il restait encore quelquechose à en faire, d'aller/retour en zigzags, et aller, sinon plus loin, tout du moins ailleurs. Dans l'infini et la liberté. Si la géographie ne règne pas en maître sur ce huitième album, il est en revanche un élément qui le domine sans partage : la voix. Une voix profonde, sombre, qui se découvre des couleurs sacrées, des tonalités religieuses. Quelque chose de plus introspectif encore, d'indéterminable, rempli de générosité et de pureté, qui finit - si ce n'était déjà le cas - de vous convertir à ce folksong de haut vol. Stephen Gineste Intramuros # 255 - April 2005 back
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